En débarquant sur le port, nous avons été pris par l’émotion : les personnes déportées dont nous avons retracé les parcours sont passées par ce port pour rejoindre les camps de la mort. Nous étions en train de voir le dernier paysage de cette île qu’ils ont vu, nous marchions dans leurs pas. Durant tout le temps de la cérémonie, sur le port, nous avons pu imaginer Henri Marx admirant une dernière fois ces paysages avant son transfert à la prison de Vannes. Nous étions sur les lieux des arrestations. C’était impressionnant.

Rencontrer la famille Marx fut pour nous très troublant. Nous rencontrions son neveu Paul pour la première fois, mais également son petit-fils. Ces deux personnes se sont rencontrées pour la première fois durant la cérémonie.

En classe, en étudiant la vie de de Henri Marx, nous avions été révoltés par le sort qui lui fut réservé. Récompensé pour son action courageuse durant la Première Guerre mondiale, il fut néanmoins déporté en 1943. C’était un héros et la France n’a pas su le protéger. Sa compagne, Madame Ducreux, et son fils Robert, ont survécu.

Leurs descendants présents sur l’île le 14 août ont pu voir notre travail exposé dans l’espace attente des passagers de l’île. Comme l’a écrit Paul Marx : « Ce fut une journée émouvante qui contraste avec l’intolérance qui se manifeste bien trop souvent ».

Nous avons été ravis de les rencontrer. Les pavés de la mémoire ont été dévoilés par Paul Marx et Jacques Bathiat, Adjoint au Maire de l’île.

Une pierre ou des fleurs d’hortensia ont été déposées près des pavés. Un grand moment d’émotion pour tous les participants. Les visiteurs de l’île pourront découvrir l’histoire des personnes déportées.

Alors, afin de ne pas oublier notre passé, nous, élèves du Collège de Rhuys de Sarzeau, Noéline, Arthur, Adèle et moi, Charlie, avons participé à une double commémoration.

Le 14 août 1944, un avion de combat Mosquito de la Royal Air Force est abattu en mer entre l’Île aux Moines et Ilur. Le pilote Alec Cook et son co-pilote Stanley Pyrah meurent tragiquement dans cet accident. Une sculpture de Stéphane Dugied, sur le port, rappelle ce tragique accident. A cette cérémonie, étaient présentes de nombreuses personnalités de l’Île, la famille d’Alec Cook, dont son neveu, des représentants des anciens combattants, des pompiers, de la gendarmerie ainsi que le sous préfet du Morbihan, Stéphane Jarlégand.

Plus de 300 personnes se sont mobilisés pour cet hommage.

C’était également l’occasion de commémorer la mémoire de cinq autres victimes de la barbarie nazie : Violette Kwass, Lise Kwass, Henri Marx, Isidore Cohen et Aimé Le Bouler. Quatre personnes juives et un résistant.

Ces personnes sont, pour certaines,mortes en déportation ou exterminées à Auschwitz. Cinq pavés dorés ont été dévoilés à cette occasion en souvenir de ces victimes de la Seconde Guerre mondiale.

Nous avions réalisé au cours de l’année des panneaux biographiques sur les victimes pour que leurs histoires perdurent et soient comprises de tous.

Dépôt de fleurs et discours.

En saluant la mémoire de ces cinq personnes, c’est l’ensemble des déportés à laquelle j’ai pensé. Des millions de juifs déportés et exterminés, des résistants, des combattants, des hommes et des femmes, des êtres humains.

Cette cérémonie m’a émue. Émue de voir toutes les générations présentes, 80 ans après, avec le sentiment que c’était à moi maintenant de ne pas oublier, de faire perdurer ces histoires et d’apprendre de l’Histoire pour ne pas qu’elle se répète.

Nous avons terminé cette rencontre autour d’un « verre de l’amitié » en compagnie de M. Le Sous Préfet de Vannes, M. Jarlégand. Ses mots nous ont fait comprendre que le temps ne doit pas effacer les souvenirs et qu’il était aujourd’hui de notre responsabilité de transmettre l’Histoire de ces hommes et femmes morts en des temps sombres.

Charlie